Get up and drive your funky soul
J'ai déjà oublié ce que j'étais venue chercher ici. Pour être parce que je l'ai enfin. Je me rappelle m'être beaucoup réjouie de venir. A réfléchir maintenant, je crois que j'avais besoin de temps et d'espace. Je me sentais déjà la tête ailleurs alors qu'on était en plein été. Je n'ai pas eu d'appréhension majeure à partir, enfin oui quelques unes. Mais je savais que ces 4 mois de stage ne pouvaient pas se dérouler ailleurs qu'au Canada. Ma décision avait été prise longtemps avant; un stage de graphisme partout sauf en Suisse. Je n'ai envoyé aucune lettre en Suisse afin de ne me laisser aucune alternative helvétique.
Alors voilà un mois que je suis là. Les choses ont leur place, mon horaire s'est mis en place et j'ai même des habitudes. C'est fou comment tout s'harmonise. Il y a le boulot, les cafés italiens, le yoga, les soupes, les gâteaux de ma coloc, la piscine, les promenades, le flamenco, la bibliothèque et internet.
Parmi tout ça, il n'y a pas trop de gens, mise à part Mathieu, mon boss et Monique, ma coloc. A côté, quelques silhouettes qui s'approchent, discutent un moment et s'évaporent dans leur quotidien. En venant ici travailler, je savais que ça serait comme ça, on ne s'intègre pas dans la roue journalière des gens facilement. Dites-moi ce que vous le voulez, j'en suis sûre. On s'arrête un moment pour discuter, mais dans la réalité c'est pas comme sur les réseaux sociaux. " Add as a friend." Et puis j'ai clairement choisi ce mode de vie en prenant une chambre chez une adulte célibataire de 50 ans. Alors oui, je passe beaucoup de temps seule. Oui. C'est vrai que des fois j'aimerais bien avoir une copine ici pour boire le café les dimanches après-midi, faire les magasins ou simplement manger avec. Au lieu de ça, j'apprends à me mettre des coups de pieds toute seule. L'assiette solitaire sur la nappe verte plastifiée reste l'épreuve la plus rude. Et même si des fois c'est difficile, je crois que j'aime bien.
La sauvage, que je sais être quelques fois, peut prendre ses quartiers en moi. Elle profite la petite...
Aussi bizarre que ça puisse paraître, en partant, je ne m'inquiétais pas beaucoup pour mon stage, un peu plus pour la colocation et beaucoup plus des chats que j'allais avoir. Je me réjouissais de notre vie commune. Autant dire, que j'ai deux spécimens de première espèce... Nommés Théo et Cléopâtre. Pure race. Sérieusement, tous les chats ont leur caractère mais ceux-là pourraient très bien fonder la Fédération des Chats Exigeants.
Il y a le plus vieux - le plus chiant, excusez - Théo qui ne vit que pour et par Monique. J'ai jamais vu un chat aussi chien; dès qu'elle rentre, c'est miaulement grincheux sur miaulement plaintif. Comment a-t-elle pu le laisser seul un instant, comment ose-t-elle vivre sans lui? D'ailleurs dès que ma coloc est là, il la suit partout en faisant toujours en sorte d'être à la hauteur de ses mains. Hallucinant ce qu'il est possessif et jaloux. Le problème avec lui, c'est que je ne suis pas Monique, donc, il ne m'aime pas. La preuve, il vomit sur mon bureau, et pas sur l'espace vide, non, non, sur la pile de papiers... Je suis sûre que c'est lui qui le fait pour me faire comprendre qu'il tolère à peine le fait que je vive dans la chambre ensoleillée. Puis, la deuxième, la petite Whiskas incarnée. Sauvage, elle passe son temps à me regarder très attentivement. A l'instant, elle est tassée derrière mon ordinateur et se lève quelques fois pour vérifier la provenance du bruit des touches du clavier. Certes, je suis un sujet d'étude assez passionnant pour elle... Tous mes gestes sont observés et mes déplacements interrogés par ces grands yeux noirs. Elle commence à prendre ses aises avec moi, allant même jusqu'à m'engueuler si je ne lui donne pas du jambon. Je suis confiante dans quelques semaines, je vais pouvoir la caresser. Enfin... Bien sûr ce rapprochement rend fou Théo. Alors des fois, il profite de la confiance qu'il y a presque entre Cléo et moi pour avoir des avantages. Dormir sur mon lit ou s'asseoir à ma fenêtre pour épier la rue.
Pauvres chats, je ne suis pas Monique. Ils sont obligés de vivre avec moi. Ou le contraire. Ils me détestent quand je mets la radio rock québécoise très fort dans la cuisine - ça vaut la peine pour la culture, je leur réponds. Je les déteste quand ils passent à côté de moi sans même daigner me considérer.
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Come on Sarah, get up and get back you funky soul.
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