listographie
Il y a un an, j'ai offert à une de mes soeurs un livre de listes à remplir. Sachant qu'elle adorait en faire, je me suis dit qu'un recueil de listes lui ferait plaisir. Aujourd'hui, alors que j'en faisais une pour mes cours - relire dossier typo - refaire pdf impression - présentation multimédia-, je me suis demandée si elle avait rempli ce livre.
- Liste des meilleurs cadeaux reçus
- Liste des pires moments embarrassants
- Liste de tes chansons favorites
- Liste des "to do" dans ta vie
Et j'en passe. Je me suis demandée d'où venait ce besoin de faire des listes. Ma mère en a toujours fait le dimanche soir pour les appels à faire et les rendez vous à prendre chez le dentiste. Pour une mère de famille à plein temps, normal d'en faire une. Surtout que si les besoins ne s'appliquent pas à notre propre personne, il est plus facile de zapper l'échine sous le pied du gamin. Ou appeler le veto - ce point-là; personne ne vous le rappellera. En général, vous l'accorderez, les courses et les "to do" de la semaine sont les listes les plus usuelles. Mais quelques névrosés, dont ma sœur fait certainement partie, en font pour tout. Nombres de calories mangées. Peut être est-ce un besoin d'ordonner les étapes et d'alléger son esprit. Aujourd'hui, on ne se repose plus sur sa mémoire, qui pourrait se révéler infaillible si on l'entraînait, mais sur les post-it volatiles. Nos ancêtres n'utilisaient pas ce genre de procédés. Ancêtres, ancêtres... Le terme pourrait s'appliquer à mes grand-parents qui ont toujours écrit pour le long terme disons. Les listes de courses c'était dans la tête, et encore si il y avait besoin d'aller faire les courses.
Les horaires de nos grands-parents étaient bien plus flexibles que les nôtres. A trop vouloir tout faire et ce dans les temps requis, on oublie l'urgence. Rendez-vous impôts. Le rythme de vie a beaucoup évolué ces dernières années, plus le temps de mémoriser. Les tâches à accomplir s'alignent et s'entassent sur la conscience tels les déchets. On fait. On fait en jettant - ou pas - un oeil sur la liste.
- Liste des meilleurs choses à ton propos
- Liste des mauvaises choses que tu as faites petit
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- Liste des meilleures soirées
Mais utilise-t-on réellement nos innombrables listes? En ce qui me concerne, une fois celle-ci soigneusement faite, je l'oublie sur un coin de mon bureau. Deux semaines après, elle réapparaît et me remet à l'ordre sur certaines points. Comme une sonnette d'alarme, elle me rappelle que je n'ai pas fait ça et ça, ni ça d'ailleurs. Alors je me remets avec entrain au travail; j'en refais une. L'histoire se répète et me voilà avec des factures impayées et des rappels. Que les névrosés de listes me jettent une pierre si je me trompe, mais peut être est-ce par peur de l'oubli avec une majuscule. Celui qui nous prend les meilleurs moments et les amplifient, celui qui tapie au fond du cerveau surgit de nulle part et efface petit à petit tout ce qu'un homme est. Ses souvenirs.
Cette peur me prend trop souvent et plus je m'applique à la faire disparaître, plus elle me frappe dans le dos. Pauvre petite fille, tu oublies.
Pourquoi?
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