Tourista

La Birmanie a été magnifique et je vous l'ai dit.
Les semaines de voyage que j'ai passées là-bas en novembre m'ont fait craindre pour le pays la future masse de touristes qui se préparent à arriver. Et je souhaitais revenir sur un point. Les touristes.

Nous le sommes tous après tout. 




En voyageant, j'ai rencontré pleins de gens de tous milieux, avec différentes valeurs et approches du voyage. La masse est une chose mais le comportement des touristes en est une autre. Et c'est de ça dont je veux parler. Il y en a quelques réflexions des voyageurs qui m'ont choqués et ça se résume:
"De toute manière, il faudra bien qu'ils s'y habituent."

S'habituer à tout ce que l'Occident apporte avec ces touristes n'est pas dans une certaine mesure dénaturer la culture locale? Celle-ci, aux yeux de l'étranger, est nouvelle. Rare. Monnayable.



Voyager c'est vivre ailleurs, laisser de côté ses propres coutumes et aller à la rencontre de celles des autres, s'habiller et manger comme les coutumes locales, et ce n'est pas importer ses décolletés et ses burgers juteux. Traverser son confort pour véritablement réellement rencontrer l'autre. 

Il faut se rendre compte que nos tenues et nos habitudes occidentales peuvent choquer; s'embrasser en public ne se fait simplement pas dans beaucoup de pays. Se prendre par la main. Voire bailler.  
De même manière, on demande aux étrangers visitant la Suisse de se comporter de manière différente que chez eux. Cracher de manière très bruyante est très mal perçu en Suisse mais anodin en Asie. Les tenues légères des femmes occidentales sont mal vus dans bien des pays, est-ce à eux de changer leur vision de l'habillement ou à nous de nous adapter? 

Ou encore cette réflexion, "je m'en fous, c'est tellement pas cher!"

Oui en travaillant en Suisse, ou en Occident de manière générale, je peux plus ou moins tout m'offrir en Asie du Sud, mais est-ce une raison pour faire voler les billets sans réfléchir? Se faire plaisir est une chose mais lâcher le cash en se faisant pigeonner en est une autre. Alors oui, lorsque je vois que les prix sont surgonflés, je vais marchander. Une fois, qu'un blanc bec aura acheter une banane à disons 2CHF alors que son prix avoisine plutôt les 0.05 centimes, les méfaits du tourisme c'est aussi nous qui les commençons... Les locaux verront qu'ils peuvent augmenter les prix de manière déraisonnable face à des occidentaux bourrés de tune. Je vous jure que j'aurai pu le claquer ce Canadien, le pire était qu'il pensait qu'en distribuant son argent de manière aveugle, il rendait heureux les locaux. Quoi de plus colonial que cette idée. Mon argent va t'apporter la solution de ton bonheur. Si on échange argent et religion, on retombe quelques siècles auparavant...

Ce qui me dégoûte le plus est l'image renvoyée par de tels comportements envers des personnes vivant dans le tiers-monde. Lancer son argent n'est pas les aider, ce n'est pas de la charité, au contraire, je vois plutôt l'effet pervers de la pitié. Du colonialisme. Encore une fois.

Mais bien sûr, je sais que les frontières sont fines. Que quelques fois on est tentés de se laisser aller quand on est loin de chez soi. Et qu'on ne sait plus ce qui est le bon du mauvais. Mais peut être que juste avoir quelques principes en tête nous aide à garder le cap et à ne pas penser que nos idées sont celles avec les quelles il faut dealer tous les jours.

L'ailleurs. Ici. On a pas fini d'en parler. 

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