Paul Banks ou l'optimisme refoulé


Après avoir jeté le masque de Julian Plenti, dont il portait le pseudonyme pour son premier album solo, Paul Banks revient sous son vrai nom. Accaparé par le groupe Interpol, le chanteur confiait dans un interview avoir plusieurs projets personnels en tête et vouloir y passer plus de temps. Ainsi donc naquit Banks, le deuxième album solo, en concert un jeudi soir aux Docks.
En première partie, nous retrouvons les Romands de Josef of the Fontain, un groupe connu de Paléo puisqu'il y a déjà joué en 2009. Ils ont mûri, certes, et la recette de leurs morceaux fonctionne. A tel point qu'on les confond un peu trop avec leurs influences. A suivre.

Quatre musiciens et la musique: Paul Banks n'utilise aucun artifice supplémentaire lors de son concert. Pas de grands effets, ni de grands spectacles, rien de plus que l'essentiel. Le timide personnage remercie souvent mais ne s'étend pas dans de longues tirades. Ses musiciens ne s'en portent que mieux.

D'une manière générale, le concert se scinde en deux parties. La première est triste et mélancolique, l'autre tend à moins de nostalgie. Mais le blond ténébreux paraît encore plus sombre qu'il ne le veut lorsqu'il entame un morceau à la mélodie légère comme Young Again. Une tristesse mêlée de résignation émane de Paul Banks. Il a beau nous dire qu'il se sent à nouveau jeune, on le voit chanter une fatalité résignée. Ne fait pas du joyeux qui veut. Toujours est-il que les extraits du premier et du second albums s'alternent agréablement bien. Le public, connaisseur, reste très calme. Impossible de savoir si c'est l'ennui qui le cloue ou si c'est simplement le fait que le concert se savoure intérieurement.

Paid for that, certainement l'un des morceaux les plus sombres de l'album, révèle le talent des musiciens, dont je ne retiens pas le nom, car l'Américain les mâche inconsciemment lorsqu'il les présente. Dans Fly As You Might, une chanson du premier album, le groupe déploie ses ailes et semble à l'aise comme il ne l'a pas encore été. Le son s'envole et la basse fixe la mélodie par le fond. On est bien à un concert du chanteur d'Interpol, impossible de confondre.

Le spleen ambiant est compensé par le sourire de Paul Banks. Le charme est là, c'est sûr. On a à peine le temps de le constater que le concert s'achève avec The Base, l'un des meilleurs morceaux de l'album et Summertime Is Coming, qui clôt la séance par une douce mélancolie. 

Commentaires