Les engrenages gracieux de Florence and the Machine
Le rideau tombe, et des cris retentissent déjà. Nous sommes à Winterthur un mercredi soir et le froid de la patinoire en dessous nous gèle les orteils. Le calme n'est pas de la partie alors même que les techniciens installent la scène. On se détend, ce n'est que la deuxième fois que Florence and the Machine est en Suisse. Les musiciens entrent sur scène et entament le premier morceau. Leave my body, le public n'en peut déjà plus tant il souhaite la voir. Une silhouette se déhanche sensuellement, son ombre nous éclaire à travers un tissu translucide. Plus que sa voix, c'est sa stature qui s'impose à nous, du moins, au début. Florence Welch s'avance et s'accroche à son micro serti de miroirs. Ceremonials, le deuxième album du groupe, sera servi avec grâce.
What the water gave me annonce le ton du concert. Avec un son excellent, la musique s'enroule parfaitement autour de la voix de la rousse. Tout de suite, cette dernière est à l'aise. Ne se contenant pas que de sa voix, elle bondit pieds nus d'un bout à l'autre de la scène et propage sa musique qui résonne quelques fois comme une symphonie sombre et fantastique. D'ailleurs ledécor gothique à l'arrière rappelle une rosace formée par des volets qui affichent des images du live ou des motifs mouvants selon la thématique. Quatre chansons passent et toujours pas de salutations. Peut-être les a-t-elle oubliées, tant elle semble portée par sa propre musique.
The Machine est en réalité tout le petit monde qui accompagne Mademoiselle Welch soit entre autres: Robert Ackroyd à la guitare, Christopher Lloyd Hayden à la batterie, Isabella Summers aux claviers et Tom Monger à la harpe. Sur scène, on remarque encore 3 choristes, un homme discret aux machines et enfin un percussionniste situé en face de la batterie qui enfile la basse ou joue du tambour si nécessaire. Peut être que ces visages auraient pu avoir des noms si Welch avait souhaité nous les présenter, dommage leur performance l'aurait mérité. Peu importe, Florence est grande, elle est belle en nous chantant successivement Seven devils, Remain nameless, Lover to lover.
A un moment donné, perchée sur une caisse, elle demande à son public de porter sur ces épaules la personne que l'on aime, que l'on vienne de la rencontrer ou peu importe juste avant d'entamer Rabbit heart, extrait de son premier album. Il n'en faut pas plus à Ken Suisse allemande pour proposer à Brandy Australie de la hisser sur ses épaules. J'assiste en live, et ce depuis le début de la soirée, à un rapprochement que les vibes de Florence ne feront qu'amplifier durant la soirée. « Raise it up, raise it up! » On se sent toute petite parmi cette forêt de filles agitant les bras.
"Cette choriste qui a horriblement et désespérément mal tourné" ne s'arrête pas aux vocales. Elle jette des sorts à son public principalement composé de la gente féminine. Ses longues mains n'ont de cesse de prodiguer mille petits gestes, elle nous attire vers elle d'un doigt ou nous rejette d'un mouvement brusque. Peut-être se bat-elle contre certains démons tant elle semble professer un discours religieux. You got the love se profile dans les lumières rouges et à côté, et Ken finit par emballer Brandy. Ce tube, qui est en fait une reprise de The Source, est un clin d'oeil aux fans du premier album Lungs sorti en 2009. «Sometimes I feel like throwing my hands up in the air / 'Cause I know I can count on you / Sometimes I feel like saying "Lord I just don't care!" / But you've got the love I need to see me through» L'Anglaise s'enfuit déjà et bien sûr on la rappelle. Émue, la silhouette élégante attrape les baguettes de la batterie pour nous interpréter No light no light. Visiblement les poumons ne lui manquent pas pour courir et chanter tout en même temps. The Machine seront bien présents, et leur son ne lâchera jamais la chanteuse. Enfin, Dogs days conclut le concert d'une manière festive, quelques sauts en rythme du public et nous repartons avec les envolées lyriques. Ken et Brandy ont passé une bonne soirée.
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