Woodkid, ou l'appel du médiéval.


Solennel. C'est le mot qui me vient à l'esprit quand je pense à ce concert de mercredi soir à Fri-Son. Woodkid a éclipsé les doutes qui croupissaient dans la salle avant le concert. En effet des doutes, on pouvait en avoir. On pouvait se demander comment, sans album, ce jeune homme allait pouvoir tenir l'endurance d'un concert entier ? Mais Yoann Lemoine nous a rassuré.

Un drapeau avec deux clés, symbole de Yoann Lemoine, flotte en arrière plan. Les notes du clavier résonnent et Baltimore's fireflies commence. Les premières syllabes de l'artiste sont empreintes de timidité mais l'accueil de la salle le réchauffe et le chanteur se redresse en enfilant son costume de chef d'orchestre. Si facilement qu'on lui croirait innés ses petits mouvements hip hop qu'il fait constamment.
Sa grosse veste cache sa stature, il cherche un soutien en se détournant du public, tête en bas. L'appui, il le trouvera rapidement auprès des ses 8 musiciens; clavier, machines, trombone, trompette, cor et deux batteurs. « We are very happy to be here.» « En français » crie une fille [N.D.L.R. Il est français]. Il se gêne mais recommence. S'ensuit une petite justification, il ne sait pas quelle langue utiliser ici, parce qu'en France, c'est que français. Ici, en Suisse, ça change tout le temps. L'accent américain se fait bien sentir, surprenant pour ce lyonnais d'origine. Peu importe sa langue natale il n'en reste pas moins que ce touche-à-tout s'exprime par différents médias ; photos, vidéos, grafittis et enfin musique.
Revenons au concert; au début, peut être, est-il le seul à entendre les beats du hip hop taper mais il persiste et ça nous emporte. Je vous l'ai dit, on le croirait en train de diriger un orchestre, une fois à sa gauche vers les cuivres, une fois tapant le rythme avec les batteurs. Puis le jeune français nous introduit The Golden Age comme étant la piste qui donnera son nom au futur album. Ce dernier contera l'histoire d'un enfant fait de bois réalisant un voyage afin de se transformer en adulte de marbre. On y entend la transition de l'enfance à la maturité. L'âge d'or est fini, mon petit, viens, avec Wasteland en tête, ça ira mieux.
Après une première partie plutôt douce, vient Iron. L'opus l'a révélé il y a tout juste un an,notamment grâce à l'esthétisme du clip vidéo réalisé par Lemoine lui-même. Les grosses caisses placées à l'arrière frappent fort. Le rythme soutenu nous enfonce le cœur et, le temps d'un morceau, on se sent l'âme d'un guerrier. Woodkid sur son cheval harangue la foule à la bataille; le monde des adultes, en face, est prêt à attaquer. Les chansons se fondent bien les unes dans les autres avec toujours ce même univers empli de mysticisme. Ses musiciens, qui ont tous des allures de rappeurs, reviennent. Les premières notes de Run, boy, run achèvent la montée en puissance. L'enfant de marbre en arrière-plan se désintègre petit à petit. Les batteurs à l'arrière s'en donnent à cœur joie, frappent fort et le public le leur rend bien. Le son des samples donne une sonorité totalement épique. Lacérémonie va s'achever bientôt juste après On the other side, qui conclut l'album qui sortiradébut 2013. Le concert était grand, c'est sur scène que la musique de Woodkid prend tout son sens. Il nous a bluffé le petit par son aisance et sa modestie. Lui qui se gênait, qui rougissait de ne pas parler dans la langue autochtone, repart en ayant conquis le public suisse.

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