Ravel Bolero
En septembre, il y a eu la Nuit des Musées à Lausanne.
Les musées sont ouverts dans la nuit et grâce à une entrée de 10 chf, on a accès à l'ensemble des musées de la ville. L'idée cherche à amener un nouveau public dans les musées qui sont plutôt le rassemblement des familles qui cherchent à occuper leur gosses. Cette année, j'y suis allée avec 3 amies et outre l'occasion de se retrouver, ce fut aussi une belle soirée à errer dans les rues de la ville du canton.
Résonance - 1960 - Accord bleu Yves Klein |
Les corridors des musées, qui d'habitude résonnent des pas des quelques visiteurs, étaient pleins à craquer. A tel point qu'il nous a fallu faire la queue certaines fois pour rentrer dans des pièces. J'ai pu assouvir, sans contraintes, mes envies de flâneries devant les tableaux. Oui, parce que j'adore les musées et j'adore prendre le temps que j'estime être nécessaire pour les apprécier. J'ai toujours été à la traîne dans les galeries. Quand d'autres passent tout droit devant un carré blanc, je vais m'arrêter pour essayer de saisir quelque chose. Etre la dernière dans un musée est une habitude pour moi. Ma famille, avec qui j'ai fait la plupart des visites jusqu'à maintenant, patiente la plupart du temps et me gratifie d'un commentaire, ou plus si j'ai abusé, à la sortie. Aller dans un musée avec des gens dont je ne connais pas les coutumes de visite peut se révéler quelque peu stressant. J'essaie de ne pas ennuyer la personne à côté de moi en faisant en sorte d'aller le plus vite possible, mais je reste tirailler par l'envie de suivre mon propre rythme. Avancer, reculer, lire, avancer, se retourner pour voir d'un autre angle. Tout ça pour dire que à cette Nuit des Musées, j'ai eu beaucoup de chance, les filles m'ont attendu à l'extérieur tranquillement occupées avec un verre de rosé à la main.
Ce que je préfère encore plus, c'est qu'après une visite, on se pose des questions. Quelques fois, le scepticisme règne.
Carcasse de boeuf - Chaïm Soutine |
Là, bingo! Une des filles a admis très franchement ne pas avoir d'intérêt pour l'Art pictural au sens large du terme. J'y vais peut être un peu fort avec l'appellation "intérêt", mais toujours est-il, qu'elle ne ressentait rien en voyant un tableau. Rien ne sort de la toile pour elle. Elle perçoit plus des émotions en lisant ou en écoutant de la musique. Certes, je conçois qu'on soit plus sensible à un média, à une voie d'expression. La Danse, la Littérature ou le Septième Art, tout peut nous toucher plus ou moins sensiblement. Mais de mon point de vue, peu importe ce qu'une oeuvre nous fait ressentir, si elle nous interpelle, le message est passé. C'est réussi. Ok, j'avoue que il m'arrive d'être perméable à une image, j'ai l'impression d'être prise pour un escargot par l'artiste. Un escargot qu'on écrase avec sa semelle de dédain. Mais quelqu'un d'autre sera halluciné par cette même image. Une oeuvre peut nous révulser, nous choquer; elle nous atteint d'une manière ou d'une autre. Et peut être que mon amie n'a pas encore rencontré le tableau qui lui fera ressentir la beauté de l'expression pictorale. J'ai accepté le challenge de lui faire voir la beauté dans une toile. Petits doigts accrochés l'un à l'autre, je vais lui faire découvrir sa toile particulière.
Une des raisons de cet article est de me pousser à chercher pour elle, car je sais qu'il lui arrive de me lire. De cette manière, je lui montre que je n'ai pas oublié ma mission. Peut être qu'elle appréciera ces deux toiles du dessus. Ou pas.
Ah la carcasse de Soutine, me rappelle avoir étudié avec vous aux gymnase! Avec Madame Lebrun. Souvenirs, souvenirs!
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