Les valseuses

J’aime beaucoup ces pinces à linge qui attendent suspendues qu’on veuille bien s’en servir. Elles sont patientes, s’accrochent à leur fil et sont solidaires toutes serrées entre elles. Elle savent très bien que très peu de tâches s’accomplissent grâce à l’individu seul et que si elles unissent leurs forces, elles peuvent soulever des montagnes de draps morts et les faire valser dans le vent. 




Le paysage leur appartient le temps d’un été suspendu à une corde à linge. Plus rien ne compte pour elles que la lune remplace le soleil jour après jour. Pour que celui-ci chasse sa belle. Lorsque le vent les chatouillent, elles piaillent un instant espérant qu’il soit clément. Comme des oiseaux, elles suivent les saisons et font leur retour à la venue des beaux jours. 


Les pinces à linge sont loyales et honnêtes. Ne mentent pas sur leurs compétences dans leur résumé d’emploi. Ne crient pas haut et fort leurs superbes compositions. Et ne se contentent que d’une volonté essentielle rester en communauté tout en déclarant haut et fort à qui veut bien tendre l’oreille vers elles qu’il faut bien s’accrocher pour rester en l’air. La tête à l’envers.  

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