Tinitaquilaaq, août 2019

Vous pouvez me laisser ici. Juste sur cette bute avec une vieille table de picnic, sur laquelle il y a un lourd cendrier vide en métal clair et une mâchoire inférieure d’une bête inconnue. Quelques dents blanches.



J’écouterai les bruits du village. Les sons du iceberg qui fondent au loin. Long déchirement. Bruit de fusil. L’eau qui prend un coup et gobe ce bout de glace supplémentaire. C’est fou, je ne pensais pas que la glace qui disparaît soit autant bruyante. Pétard distinct. Le coup est parti. La glace a été touchée et tombe à présent vers sa destinée. Et l’eau qui 1 minute après monte de manière formelle. Comment l’expliquer. Si vous êtes au bord de l’eau, vous pourrez remarquer le changement léger mais bien présent. C’est comme si elle s’arrête un instant de murmurer contre la roche de la terre, englobe ce nouveau morceau, l’avale dans un gloussement d’appétit et revient à son activité. Sucer des cailloux. Et cela ne s’arrête jamais. L’horizon de l’eau est rempli de ces châteaux éphémères qui dérivent au gré des marées. Tous proviennent de la calotte glaciaire au fond du fjord dont on ne perçoit pas le out depuis mon banc échardé.
 





Rugissement, orage. C’est le fond sonore de ce bled. Quelques fois un chien pleure. Lui aussi voit que les miettes de ces immenses icebergs se font absorbées. Mais le spectacle ne l’émeut plus vraiment. Il aimerai juste son bout de gras. 

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