La sueur de l'autre
Nous voilà la veille de la deuxième étape du déconfinement en Suisse, la première pour la France qui nous regarde depuis l’autre côté du lac. Je crois que c’est la fin de ce journal de confinement. L’absence de lignes de ces dix derniers jours prouvent bien que je ne suis plus enfermée devant un écran qui me mange parfois. Que les quatres murs de mon appartement se sont distanciés.
Le confinement dans les grands espaces... Il y a pas à dire, ça a meilleur gueule que l'immeuble d'en face. |
La fatigue des contraintes m’a poussé à récupérer des habitudes simples. J’ai crié plusieurs fois ma lassitude face à toutes ces règles ou envers moi-même réfléchissant à chaque pas. Alors, après 45 jours de confinement, j’ai repris le train trois fois et ai mangé avec des gens pas loin de moi. Chaque étape - aller à la Poste - me semble être un retour de liberté, peu importe que le regard des gens me semble suspect.
Dans la rue, le trafic a recommencé, la cadence des trains a augmenté, certains magasins ont ré-ouverts, les écoles accueillent les écoliers en petites équipes. Des demies-mesures, en fin de compte tellement suisses. Car on nous dit de nous habituer au virus et intégrer de nouvelles règles sociales. Vivre avec lui en gardant les principes de distanciation sociale. S’approcher de l’autre à travers un plexiglas. Sourire sous un masque et se dire bonjour d’un clignement de cils. Une normalité qui n’a rien de normal.
De toute façon, on s’habitue à tout. Malheureusement ou heureusement. J’en sais rien. Quoi que ne pas pouvoir serrer sa mère dans ses bras, on ne s’y habitue pas. L'être humain dans sa plus intime nature nous manque.
Ecarte tes bras et tu auras tout l’or du monde. On dirait un refrain de Goldman. Lui aussi, on pourrait le serrer dans nos bras, tant ce confinement nous permet d'apprécier la fragilité de l'humain. Jusqu'à ce qu'il fasse chaud cet été dans les transports en commun et que la moiteur des aisselles de son voisin nous rappelle la fragilité de l'écosystème personnel. Allez, disons que même ça, on se réjouit de récupérer. La banalité de la sueur de l'autre.
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