L'assise d'un poste

Nous sommes mi-mars et mon contrat rattaché à un poste au nominatif long comme mon bras s'achève sous peu. Par conséquent, le directeur veut s'entretenir et me propose de manger ensemble dans un restaurant asiatique.

Un tête-à-tête professionnel aux saveurs tapioca. Il aime pas le goût, me précise-t-il, et je ne me sens pas à l'aise de manger en face d'un responsable, je ne précise pas. Oui, parce que tu es censée manger proprement tout en t'enfilant des nouilles gluantes qui risquent au mieux d'éclabousser ton visage aux lunettes, au pire de tâcher définitivement ton chemisier sérieux.

Passons le repas qui se passe plutôt bien. Car tout l'important se passe en arrière plan, dos à moi.

A la fin du service, les différentes tables se vident et les serveurs tournent pour débarrasser les assiettes. Après nous avoir serré la main, une époque désormais révolue  - mais ça se faisait encore à ce moment-là, le patron du lieu entreprend de tester le matériel à disposition de ses clients. Très consciencieux, vous me direz. Tout à fait. Je rigole intérieurement rien que d'écrire ce qui va suivre. 

Nous parlons stratégie digitale, cohésion d'équipe et développement de projets. Je dois en quelque sorte convaincre de mon implication et de ma motivation à poursuivre mon contrat. A côté, le cher patron teste la résistance de toutes les chaises. Il les retire de sous les tables, s'assied lourdement, regarde leur maintien et leur stabilité en donnant des petits coups de rein d'avant en arrière. 

Crii, crii, crii. 


Je le vois s'agiter sur ma droite, successivement, toutes les chaises y passent. Certaines grincent, d'autres résistent. Je ne peux m'empêcher de sourire tout en étant très convaincante. Je ne le vois pas vraiment car il est situé dans le coin droite de mon champs de vision. Mais je l'entends suffisamment pour deviner son corps, somme toute assez menu, allumer toutes les chaises pour les normes de sécurité et de confort. 

Petits coups de reins, cri, cri, cri. Avant, arrière. Rangement de chaise. Petits coups de reins. 

Je vous jure que c'est drôle autant son implication que son total détachement au sujet du tangible mouvement à l'effort sexuel... Mais sa concentration démontre son souci du bien-être de ses clients.
"- Pardon, vous disiez quoi?" Comme quoi l'assise d'un poste, ça se discute toujours. 

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