Fake you.
J'ai une amie qui envoie tous les 3 mois des mails avec des réflexions tantôt philosophiques tantôt... Socio-philosophiques. Et dernièrement - quand même ça remonte à l'automne passé - elle nous a parlé du sentiment d'imposteur qu'elle avait à son travail.
Alors c'est quoi ce truc? Cette habitude de ne pas se trouver à la hauteur des choses pour lesquelles on t'a engagé-e. Cette remise en question face à des collègues plus âgés et ayant beaucoup d'expérience dans la branche. Mais même au delà de ces comparaisons avec des collègues, cette impression lancinante de ne pas être assez, de ne pas savoir assez. Pas assez.
Les jours ont passés mais cette question revenait. Je n'avais pas le temps d'y réfléchir pleinement. Alors un jour, j'ai réfléchi à ça... depuis la terrasse de parking ensoleillé derrière un ikea blindé d'objets bons marché. Je n'ai que pu approuver et... compter tous les domaines dans lesquels ce sentiment d'imposteur s'était immiscé dans ma vie.
Oui l'impression d'imposture est bien là dans ma vie. J'ai peut-être des pistes pour savoir d'où elle vient. D'une part. En tant que personne travaillant dans la production de visuels, on nous a appris à se délaisser de nos goûts pour critiquer. Pour trouver la faille qu'il faudra améliorer. Mais si tout ce que tu fais a quelque chose qui ne va pas... n'est-ce pas parce qu'au fond, tu fais semblant dans ton domaine?
Mais je décide solennellement devant l'assemblée de ce blog de combattre le goût amer de l'imposture. Je vais voguer contre ce vent car on m'a dit: Fake until you make it. Fais les projets que tu voudrais avoir. Porte les vêtements de la personne que tu voudrais être. Vis la vie que tu voudrais avoir. Crée ce que tu voudrais créer. Voilà une bonne ligne directrice.
En somme, plus tu t'actives, moins tu as ce sentiment de ne pas être à la hauteur. C'est ma manière de ne pas trop écouter cette critique incessante. A quel moment je suis légitime en tant que créatrice d'images? Quand je dessine, j'ai un goût sur la langue. Un goût de fake. Et ce goût se transforme en mélodie qui siffle dans mes oreilles. Qui me répète "Tu es une fake".
S'en suit d'autres interrogations; le problème avec cette phrase est qu'on ne dit pas quand tu atteins le point du "make it". Alors quand arrêtes-tu de faire du fake, à partir de quel point tu es véritablement ce que tu prétends être? C'est quoi la profondeur de la réussite? Combien faut-il de livres pour se dire qu'on comprend un sujet? Combien faut-il d'achèvements pour se dire qu'on a réussi à dépasser ce stade de l'imposteur?
C'est un processus sans fin.
Il demande de l'énergie et coûte cher en réflexion. Je cherche une solution pour ne plus vivre avec cette cape d'imposteur qui me masque les possibilités. Je voudrais une fin au bruit entre les oreilles ou au goût sur la langue. Une clé est peut-être le mouvement... Car quand tu te débats, la cape n'a pas le temps d'atterrir lentement et d'engluer des ailes. Quelle poésie pour une fin de post.
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