Parenthèse en mouvement

Voyager seule fait partie aujourd'hui de mes cures. J'en ai besoin. En train, en avion ou en voiture. Voir les paysages défiler par une fenêtre me rapproche d'une résilience parfaite.

En vrai, j'ai plus souvent été dans des aéroports seule qu'accompagnée. Et je peux me rappeler la première fois que j'ai pris un long vol seule, je ne crois pas avoir été stressée. Pas le moins. 17 ans et devoir rentrer de l'île Maurice seule, qui plus est avec un bagage spécial à dédouaner. Une réplique en bois précieux d'un fameux trois-mats, des cordages fragiles et précis et des emboîtements qui maintenaient le tout debout sans qu'un clou ne vienne faire sa loi. Le tout emballé dans un carton plus grand que moi et ma valise réunies... Mais non, pas de stress, j'ai ressenti ces 12 heures comme une succession d'étapes, de douanes à passer et d'heures à remplir.

Le plus drôle est que la véritable étape était à Genève au moment où il a fallu charger le carton et aller vers les douaniers payer les taxes. Ceux-ci étaient bien occupés à discuter et je crois les avoir déranger... Alors après quelques secondes m'observer moi, ma valise et mon énorme carton, ceux-ci m'ont posé une question réthorique que seuls des fonctionnaires suisses peuvent se permettre. "Mademoiselle... Est-ce que ça vous dérange, de manière personnelle et profonde, est-ce que ça vous dérange que la Confédération vous offre cette taxe douanière? Dites nous si ça vous empêche de dormir, mademoiselle." Après avoir compris qu'ils n'allaient pas lever leur fesses pour un navire en miniature, j'ai souri et suis partie. Mission accomplie.




Ce calme transitoire dans les aéroports est ainsi devenu synonyme de moment d'introspection. Je me déplace d'un point A à un point B. Alors que mon corps ne répond qu'à ses besoins simples, mon esprit se voit obligé d'être calme et occupé. Accepter qu'il n'y a d'autre échappatoire que l'arrivée imminente. Et c'est pareil dans le train. Il m'arrive de regretter d'arriver si vite à ma destination. 


Lorsque je me déplace en transports en communs, je ne suis pas moi-même aux commandes. Je décide de monter et de descendre. Ce sont mes deux décisions. Tout le reste est composé d'intersections avec d'autres destins, d'autres choix externes.



Quelle belle allégorie de la vie.
Le transport serait-il le moyen le plus simple de résumer la vie? À l'exception près, mais là est toute la différence, c'est qu'on ne sait pas où il nous mène.
Faire la décision de monter dans un train sans connaître la destination. Alors ne manque plus que la joie de vivre ce voyage. Allez, je m'arrête. Je dois embarquer.

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