C'est Maman.

Aujourd'hui, petit moment sympathique que je voulais partager avec vous.

Assise dans le petit cube puant sur le quai de la gare à Nyon, j'attends mon train. Dehors, enfin, pour la première fois de l'année, il fait froid. Et fait assez rare pour que le remarquer, je suis bien en avance. En réalité, tous ces petits laps de temps sont occupés par un jeu débile sur téléphone. Le but est de relier les fleurs similaires entre elles pour les faire éclater. Peu à peu, pour corser le jeu, il y a des éléments perturbateurs: les taupes qui creusent toujours plus, les corbeaux qui avalent les bourgeois, les verrières qu'on ne peut pas toucher, les tas de feuilles à souffler. Bref, un jeu passionnant pour tous ceux qui rêveraient d'être horticulteurs à leurs heures perdues à attendre à la gare.

Bêêêêêh

L'heure avance et la petite "cage" sur le quai se remplit. Deux jeunes de 14 ans arrivent. Visiblement, en pleine discussion, sur ce qu'ils fument ou pas. A cet âge, le fait est un acte rebelle alors autant en parler comme si on y était habitués. Vient ensuite la discussion sur "tu l'as pêcho?". Le petit blond casquette visée est celui qui mène l'autre, plus rondouillet et se donnant des aires de connaisseur. Une charmante petite racaille en devenir et le copain pas très sûr de lui. Les deux sont à leurs balbutiements de rébellion, ils sont encore... attendrissants? C'est méchant de dire ça.

Dès à présent, mon jeu est donc inintéressant. Le blond téléphone à sa soeur pour lui demander de ne pas rentrer, il a un truc à faire. Allez. Derrière, son pote fait les sous-titres à voix haute "il veut inviter Sophie!" "il va la pêcho!" "il lui a dit de venir!""il va la pêêêêêêchooooo! Tu m'entends?" Et malgré ces arguments ultra convaincants, la soeur s'en fout, elle doit faire ses devoirs. Chose qui leur paraît totalement aberrante. Hé oui, elle ne veut pas aller autre part faire ses devoirs pendant que son frère conclut avec une nana. Bon. La conversation bouclée, il doit se rendre à l'évidence et il a aussi des devoirs. Les deux compères décident de se diviser les devoirs  du blond, et "il abuse le prof, il nous donne ça aujourd'hui pour demain, je vais pas le faire pour ça!"

Mais maman appelle.

Et là, c'est drôle. Parce que les racailles ne sont que des enfants. Après lui avoir raconté une salade de pourquoi il n'a pas répondu plus tôt, il lui explique qu'il est chez Untel, qu'il est en train de s'habiller pour rentrer à la maison. " Mais maman, tu sais très bien!". Plus drôle encore. Un train direct passe derrière. Donc imaginez le bruit que ça peut faire. Et lui, très confiant, tellement que je n'ai jamais été, ne pense même pas à justifier un tel bruit car il a la solution en se penchant et en protégeant le haut-parleur du téléphone. Il continue avec sa salade, désormais césar.

A la fin, selon lui, elle a tout cru. Et moi, là, je me dis que c'est impossible. Qu'elle ait cru. Impossible aussi de penser qu'elle ait pu croire. J'en reviens pas ce qu'on peut prendre les parents pour des cons quand on est plus jeunes. Et là je vous laisse vous remémorer tout ces petits moments héroïques où on pense que vraiment les adultes sont faciles à tromper.

Ca commence tout petit, jusqu'au jour où c'est toi qui te fait le plus avoir.

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