No one gets left behind
Je me dois de rester un peu discrète au sujet de ma vie privée. Ce qui veut dire que j'évite de trop discuter sur les gens qui m'entourent au même titre que j'évite de les citer par leurs prénoms. Mais je ne peux m'empêcher de mentionner ces gens qui m'entourent.
Et à ce titre, je souhaite vous parler de la fille la plus déroutante que j'ai connu jusqu'à ce jour. Impossible de poser un seul mot qui pourrait la décrire ou détourer un peu le flou qui règne autour d'elle. Bien qu'elle parle beaucoup, la seule chose que l'on est sûr avec elle, c'est que l'imprévu l'emporte. Un véritable lutin sorti d'un conte irlandais.
Je la connais grâce à l'école que je fais actuellement. Section graphisme, vous imaginez bien que déjà le type de personne que ça doit être, je me trompe? Oui, vous devez bien avoir des a-priori sur les graphistes ou plus largement les gens qui touchent au domaine de l'artistique. Bref, cette grande rousse était l'un des personnages clés de cette classe.
Malheureusement, elle a décidé en novembre d'arrêter les cours. Les attentes étaient trop dures pour elle. Rien n'allait dans son sens, ou plus simplement dit; quelque soit la direction imposée par le corps enseignant, celle-ci ne lui allait pas. Son esprit de contradiction l'a poussé nombre de fois dans ses retranchements. Et comme je lui ai dit plusieurs fois on ne fait pas la révolution tous les jours sous prétexte que le prof attend quelque chose de nous qui nous demande un effort. Qu'on se comprenne, ce n'était de loin pas une fainéante, acharnée dans son travail personnel d'illustratrice, elle ne pouvait pas trouver la force nécessaire pour combattre sur les deux fronts école et carrière personnelle en même temps.
En quelques mois de collocation de classe avec elle, on a tous des anecdotes à raconter. Comme la fois, où l'hiver dernier, elle est arrivée en retard le matin -jusqu'à là rien de spécial- et qu'elle s'est excusée de son retard car elle ne trouvait pas ses raquettes. 10 cm de neige et elle avait sorti ses raquettes pour marcher en ville. Ou lorsque tout naturellement elle nous demandait si on voulait pas un bout de poulet grillé emballé dans un papier ménage qu'elle sortait de sa poche. Parce qu'il faut manger c'est bien, même un ragoût de lapin avec de la choucroute le matin. Un soir, à une fête dans un caveau, elle a tenté de nous apprendre une chanson polonaise qui parlait d'une araignée. Abroutischi Abroutsi sic y va sic... Là, j'invente. Seulement les paroles.
Toutes ses habitudes si spéciales remplissaient généralement la classe d'un brouahah continu et qui nous a tous tapé sur le système une fois ou l'autre. Mais maintenant qu'elle est plus là, on n'entend plus les "oooooooohhhhhh" qui monte dans les aïgus marquant la surprise admirative, aux quels on avait droit une fois par jour peu importe le sujet d'étonnement. Ni les contes africains sans chutes ni logiques. Voilà, miss pimprenelle s'en est allée faire son graphisme ailleurs. J'espère que ces mois d'école ne l'ont pas dégoûtés définitivement des ordinateurs. Et qu'elle ait du succès dans son travail d'illustration. D'ailleurs son livre est déjà en magasin, à ce qu'on m'a dit. Et puis tout ça aussi parce que j'ai une carte de voeux pour elle qui est toujours sur mon bureau et que je trouve son adresse nulle part.
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